Lutter contre sa réalité

Après Don quichotte, voici Mamanbooh qui se bat contre vents et marées!

En effet, il semblerait que j'ai de la difficulté à accepter ma réalité et que je suis en continuelle lutte. Ça semble assez simple dit comme ça, mais je dois avouer que c'est plutôt épuisant. Surtout quand on commence à comprendre.

Mon rapport entre désirs et besoins a toujours été pour moi une source inépuisable de conflits intérieurs: comment choisir une seule chose quand on veut tout, qu'on aime tout et que tout nous ferait plaisir?

Ajouter à ça un facteur nouveau, que j'ai toujours pu contourner pendant les 32 premières années de ma vie: ma situation actuelle. Je m'explique. Tant que je n'étais que moi, ou moi et en couple, j'avais un plus grand pouvoir sur ma réalité, plus de souplesse et une illusion de pensée magique: le monde est beau, le monde est bon, la vie est belle, quand on est gentil, tout le monde est gentil, si je veux, je peux, the sky is the limit, etc...

Mais maintenant, je ne suis plus seule. Je suis une maman et mon besoin de contrôler (tiens, je l'avoue enfin!) pour réduire mon insécurité et mes angoisses (si tout est parfait, je ne recevrai pas de commentaires négatifs, ouf!) a pris une méchante débarque.

Pourtant, je n'ai pas baissé les bras. J'ai essayé de tout faire, bien faire, mieux faire, refaire pour finalement me retrouver en enfer! Mon jeu de mot est douteux, mais en résumé, je viens juste de comprendre qu'en luttant contre ma réalité, du matin au soir, même parfois en pleine nuit, je me suis épuisée.

Et le plus grave là-dedans, c'est que je m'épuise encore.

Je ne baisse pas les bras. Je continue à avancer, à mettre de côté tout ce qui ne va pas, à me mettre de côté, à mettre mon moi de côté, mon chum, etc... J'ai l'impression que je le dois. Que c'est la voix, le chemin de toutes les mamans. Que la vie est ainsi faite!

Pourtant, toutes les mamans ne sont pas dans ma situation tant personnelle, professionnelle que maternelle. Je ne vois pas celles qui tombent, qui trouvent ça dure, qui en font moins, qui ont compris, qui disent assez! Je ne vois que celle qui doit...

Probablement une caricature de la mère que je me suis forgée depuis mon enfance, d'une peine à l'autre, d'un obstacle à l'autre, colorée par de vieux souvenirs et de nouvelles attentes. Une maman disponible, patiente, souriante, comblée, épanouie, à l'écoute de tous, bonne ménagère, excellente cuisinière, infirmière spécialiste en bobos, amante gourmande, amie présente, cultivée, informée, professionnelle, branchée, etc...

Hé! Bien, cet idéal, j'y ai cru jusqu'à ce que l'image craque sous le poids des défis que la maternité était pour m'apporter. Mais, j'ai compensé en n'en faisant plus, pleine de bonne volonté et si naïve. Je suis capable, toute seule...

J'ai encaissé, accumulé, additionné plein de "TROP", tout en souriant et en disant OUI! Même quand en dedans, ça criait non. Je me sentais prise dans une impasse. Puis, je suis tombée. J'ai demandé de l'aide, j'ai commencé de la médication, j'ai consulté, etc...

Deux ans et demi plus tard, je consulte toujours, je prends des pilules, je suis en congé de maladie, j'ai de la difficulté à concilier famille-maladies-handicaps et à faire mes journées, je dois envisager un retour au travail, les diagnostics des enfants se précisent, la culpabilité est toujours présente, mais en plus, je commence à être habitée d'une grande colère...

En fait, c'est peut-être même cette colère qui m'épuise.

Je me sens comme une bombe à retardement, j'ai peur d'éclater, de me laisser aller et je continue à sourire et à essayer de tout faire pour mes enfants, mon chum, ma petite famille même si c'est trop, beaucoup trop pour la personne que je suis et que je pensais forte, mais qui est en fait si fragile.

Curieusement, cette prise de conscience arrive en même temps que la découverte d'un nouveau sport. Alors, à partir de ce soir, je m'engage, devant vous, chers lecteurs, à arrêter de lutter contre ma situation et à exprimer ma colère en cognant, frappant et criant..

Pas mes enfants! Ni mon chum! Ni les cons que je croise! Ni même les paniers à linge qui débordent! Non, je vais enfiler mes gants, aller voir mon entraîneur et faire du Kick-Boxing pour enfin évacuer toutes les émotions refoulées, les craintes, les peurs et les frustrations. Sans trop penser, juste en suant, essoufflée, dégoulinante et tellement pas "mommy", mais vivante et de plus en plus ancrée dans ma réalité.

Ici et maintenant.
Namasté*!
Ou enfin! C'est comme vous voulez...

*Mes profs de yoga en feraient une petite déprime de me voir ainsi...

Commentaires

  1. Tu fais déjà un gros bout de chemin en écrivant ceci - tout en réalisant comment tu es, comment tu te sens. Je crois que tu as le droit de demander de l'aide et surtout d'être humaine ! On ne peut pas tout faire tout seule (tien tien - je devrais me lire moi là !).

    En tout ka, si le Kick Boxing peut t'aider à évacuer tout ce que tu ressens de négatifs ! Go for it !!!

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  2. Bravo à toi d'avoir été capable d'écrire tout ça, juste le fait de l'écrire est un très grand pas.
    Ce n'est pas facile, je comprends très bien. Je suis présentement entrain de faire le même genre de travail sur moi... j'ai de l'aide, mais même avec ça, j'ai de la difficulté.

    J'espère que le Kickboxing va t'aider. De mon côté, j'ai choisi le Zumba. J'en fais 3 ou 4 fois semaine depuis janvier... et le pire, j'adore ça!

    Bon courage, t'es capable!!
    Chantal
    www.niny1.blogspot.com

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  3. Quelle bonne idée la BOXE!!! Je te comprends tellement...c'est pas pour rien que mon blog se nomme Germaine!! Lâche pas, tu es bonne, tu es capable!!! Bravo pour ton courage, ta capacité à tout nommer...c'est un pas de plus pour toi,d'après moi.

    xx

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  4. De réaliser des trucs comme ça est un énorme pas. Parce que le plus grand pas est de réaliser qui nous sommes et de l'accepter. Et tu es vraiment dans la bonne voie! Après l'acceptation, il y a le lâcher-prise...c'est là qu'on arrête de nager à contre-courant et de lutter continuellement. On laisse couler les choses comme elles viennent... Verbaliser et prendre du temps pour soi est tellement LA chose à faire!! Je te souhaite bonne chance dans cette nouvelle activité!

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  5. Quelle prise de conscience! Et en la faisant pour toi, tu nous aides aussi à y voir plus clair et à se questionner! J'espère que le kickboxing t'aidera à évacuer!

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  6. Le sport est un bon exutoire, moi ça m'a toujours sauvé dans plusieurs moments difficiles de ma vie...Badminton, Tae Kwon Do, Course...Des sports qui font suer sont des sports qui nous empêchent de penser, de virer le monde d'un bord pis de l'autre. Je suis certaine que ça va t'apporter bcp.

    En plus, ce sera ton moment à TOI! Qui deviendra ou
    devrait devenir une priorité dans ta vie. Je te le souhaite tellement...c,est un beau cadeau que tu t'offres.

    Julie, quelle chance j'ai de t'avoir comme amie. Tu es si vrai, c'est une des plus belles qualités ça. Tu es sur la bonne voie, sur la pente remontante, je suis là pour toi. xx

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  7. Je vais dire comme toutes les autres, mais le fait d'avoir réalisé et écrit tout ça est déjà un très grand pas! Et le fait que tu consultes aussi, que tu vas chercher des outils pour aller mieux, c'est super!

    C'est fou la pression qu'on se met en tant que maman... Et quand tu dis "Je ne vois pas celles qui tombent, qui trouvent ça dure, qui en font moins, qui ont compris, qui disent assez! Je ne vois que celle qui doit...", ça me frappe tellement de voir à quel point on est toutes pareilles!... On a toutes l'impression d'être la seule à ne pas être capable de tout concilier et d'atteindre l'idéal dans toutes les sphères de notre vie, mais en réalité, c'est l'inverse - personne n'y arrive!!! C'est carrément impossible! Il faut lâcher prise et ne garder que l'essentiel et ce qui nous tient à coeur et non ce qu'on "devrait" faire ou être.

    Continue ton beau cheminement, tu en ressortiras tellement bien!

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  8. Ouffff!!! Cette prise de consciences est douloureuse... Vos encouragements me font du bien, beaucoup de bien.

    Merci à toutes!

    Je suis super émotive. Quand j'ai commencé à écrire hier soir, j'étais pleine de colère, la gorge serrée, mais depuis (hormones obliges) je viens les yeux plein d'eau pour un rien.

    Serions-nous si nombreuses, côte à côte, sur le même chemin, sans même s'en apercevoir?

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  9. Psssttt!!! Hormones comme dans "menstrue" et non bébé... J'ai inquiété quelqu'un, :-)

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  10. Ho... je veux aller au lit tôt alors je reviendrai pour mon commentaire et la lecture des autres ! Gros câlin... xx

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  11. Je crois bien qu'on est plusieurs...
    Ton billet me rejoint et rejoint ce que j'écris parfois, quand le vase devient trop plein, lorsque je sens mes épaules se courber mais que je m'obstine à garder mon masque....
    Tu t'oublis, tu oublis le nous qui est à la base de la famille, on culpabilise, on manque de temps, et lorsqu'on en trouve, on est trop fatiguée.
    Je la connais cette colère, et oui, c'est surement en grande partie de sa faute si tu te fatigue car lorsque tu dors, elle continue de te gruger par en dedant......
    Le sport, ou tout autre chose que tu fais pour TOI et qui occupe autant ton corps que ton esprit ne peut être que bénéfique!
    Bisoux xx

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  12. @ Clo: prends ton temps, juste de savoir que tu me lis, ça me fait plaisir!

    @ Evyzamora: "tu oublies le nous...", oups! Tu as mis le point sur une grosse partie du bobo. Et le MOI. Merci...

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  13. Ayoye! C'est comme un appel que j'ai reçu aujourd'hui! Je suis venue sur votre blog ce jour, par hasard... J'adore votre courage, votre audace et votre simplicité.

    Je suis une adepte de kickboxing et il s'agit pour moi de mon équilibre. Plus j'ai de la frustration, plus je frappe fort et vite... une libération! Combiné à la sécrétion d'endorphine, un bien-être innexplicable vous attends.

    Bonne chance et continuez votre beau cheminement de maman. Au plaisir!

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  14. Effectivement, tout un appel!

    Dites-moi cher Caro, est-ce que vous vous entraînez à la maison ou dans un centre? Avez-vous des trucs à ma partager?

    J'avais mon 3e cours aujourd'hui et je commence à être capable de faire des enchaînements, ouf! C'est difficile, mais j'adore! Ça me "grunde", j'oublie TOUT! Merci!!! :-)

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  15. Ouf!!! Des trucs... Pas du tout! Après deux années de pratique dans un centre, j'ai encore l'air d'un chien dans un jeu de quilles!

    Ce que j'aime, c'est fixer un sac et frapper dessus sans relâche... oublier TOUT!

    Bon entraînement et à la prochaine... je vais revenir faire mon tour! ;)

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  16. Me revoilà !

    Concernant le défoulement, oui, ça aide. Tellement ! Ça libère la frustration, équilibre cerveau et corps, aide à libérer l'endorphine, hormone du bien-être.

    Moi c'est la danse africaine qui m'a le plus aidée, puisque je l'ai commencée lorsque je n'allais pas bien. J'ai hâte de m'y remettre !

    Mais comme tu sais, je jogge encore et toujours, depuis bientôt 5 ans. Ronde ou pas, ça fait du bien ! Ça ne coûte rien mais ça paie en titi ! :)

    J'ai fait beaucoup de travail sur moi-même depuis un an. J'ai découvert que la routine me tue à petit feu. Une base de routine c'est bon, surtout pour les enfants, mais pour mes tâches "à moi" (celles que je m'impose), j'ai appris à attendre l'énergie et la motivation pour les faire. Ainsi donc, je ne m'impose plus de fréquence pour le ménage, le lavage (à part le fait que fiston aîné porte un uniforme la semaine)et même la vaisselle. J'ai pas le goût ? Tant pis, ça traîne. Le budget ? J'ai arrêté de m'imposer d'écrire toutes nos dépenses. Etc.

    Et j'ai appris à demander au lieu d'attendre. Après tout c'est bien vrai que mon chum ne peut pas deviner ce que je pense. Alors je demande.

    Comme maman, particulièrement à la maison, la famille repose souvent sur nous. D'où l'importance de se soigner (prendre soin de soi) d'abord, pour pouvoir aider autrui ensuite. Sinon, comment durer ? Si on renonce sans cesse à ses besoins de base, ou même secondaires, comment être heureuse et même, à la limite, saine de corps et d'esprit ?

    Tu as fait beaucoup de chemin déjà, et comme le disent plusieurs lectrices ici, le fait de l'écrire c'est déjà un grand pas !

    Je pense à toi !

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  17. @ Clo, merci, merci beaucoup pour ce partage! J'apprécie beaucoup tes petits mots, le chemin que tu as fait toi aussi. :-) Bravo à nous!

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  18. Et au fait, cela est un travail de tous les instants. La culpabilité est une sombre ennemie qui se terre souvent dans le détour ! ;0)

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  19. Ah Mamanbooh, stp dis-toi bien que tu n'es pas toute seule. Je suis en congé de maladie depuis 2 ans et j'étais en congé de maternité avant (donc pas au travail depuis 3 ans). Je devrai moi aussi prévoir un retour au travail bientôt... quand, pour faire quoi, à combien de jours par semaine... je n'en suis pas là encore. Je dois en discuter avec ma thérapeute bientôt. Et moi aussi je prends des pilules ... quelques-unes. Mes enfants sont en parfaite santé mais j'en ai deux à moi et mon chum et deux à mon chum : une semaine sur deux, nous sommes six et une semaine sur deux, nous sommes trois parce que mon chum voyage très souvent. Moi aussi, je me dis toujours que je devrais être capable, toute seule, que je suis faible de ne pas réussir, tout le monde réussi et pas moi... Moi aussi je me bats contre mes pensées et je n'accepte pas de ne pas réussir!!! Et je perds sûrement de l'énergie à ne pas accepter ma situation. Je t'écris ça et j'ai les larmes aux yeux. Je n'en parle pas souvent (à part à ma thérapeute), même pas à mon chum, qui ne comprend pas trop. Peut-être que moi aussi je devrais faire un sport pour me défouler... mais est-ce que j'ai assez d'énergie? C'est à voir...

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